Sac en travers du dos et lacets défaits, Sam arrive essoufflé au terrain de basket de Arlington Heights où sa famille a garé son van depuis le mois dernier. Il scanne un code imprimé sur les casiers; immédiatement le cadenas se déverrouille et libère un ballon de basket qu’il utilisera lors de son prochain match. Coût : 50 centimes d’euros l’heure. Au même moment, Luis reçoit une notification : un livreur passera dans 48 heures rechercher le pack bébé premier âge comprenant biberons, berceau et poussette. Il recevra dès son arrivée à Berlin, dans quelques jours, un équipement plus adapté à l’âge de son fils qui a maintenant 6 mois. Coût : 9 euros par mois. Au même moment encore, Leila feuillète nonchalamment le catalogue numérique de DeliverArt. Elle hésite. Rothko ou Pollock ? Elle choisit un Rothko dans les roses, qui sera mieux assorti à son intérieur du moment. Elle prendra un Pollock cet été, pour aller avec les cieux de la Côte d’Azur. Coût : 25 euros par mois. Ces dépenses sont le corollaire du mode de vie d’aujourd’hui. De Veules-les-Roses à São Miguel do Araguia, de Hjalmäröd à Shizuoka, le nomadisme est désormais généralisé. Finie la vie à crédit, voici la société des abonnés. À la propriété privée a succédé le tout à louer. Le but : nous libérer du fardeau de la propriété.