Manifeste d’une entreprise qui vit au rythme des quatre saisons
“Nous avons désappris à faire l’expérience du prodige d’être un vivant, de faire partie de cette extraordinaire aventure du vivant […] Être vivant, être de ce monde, partager avec les autres vivants une communauté de destin et une vulnérabilité mutuelle, tout cela ne fait pas partie de notre conception culturelle de nous-mêmes”
Baptiste Morizot
Pour suivre la piste de Baptiste Morizot nous voulons changer notre conception de nous-même et réapprendre à faire l’expérience d’être un vivant. Pour continuer à évoluer, nous ne voulons plus nous concevoir comme une entreprise, mais comme un être vivant et nous voulons nous laisser guider par cet imaginaire. Aujourd’hui nous décidons de nous percevoir comme un arbre.
Nous sommes un être vivant, né d’une idée qui a germé et qui a poussé depuis plus de 10 ans. Grâce à l’héritage de ces années, nous sommes solidement enracinés pour continuer à nous déployer. Nous voulons que le fruit de notre travail contribue à rendre la vie possible autour de nous et nous voulons aussi qu’il soit bon et beau. Notre existence même doit aussi rendre le monde le plus habitable possible, sans créer d’externalités qui ne puissent être des ressources pour d’autres vivants.
Nous croyons au pouvoir des cycles naturels et notamment ceux des jours et des saisons car ils sont des éléments essentiels de la résilience et de la productivité du vivant autour de nous. Nous sommes convaincus que le mauvais temps, n’est ni la pluie ni l’orage, mais le temps qui dure trop longtemps. D’ailleurs, la quête de croissance infinie nous semble être une course au printemps et à l’été sans automne et sans hiver. C’est une quête de soleil et de productivité constante, qui épuise les ressources et n’aboutit qu’à des incendies dans les forêts, au réchauffement climatique niveau planétaire et des burnouts au sein des humains. Au contraire, l’hiver comme la nuit est nécessaire au repos, pour préserver les fonctions vitales et retrouver la force d’agir.
Tout comme le reste du vivant à nos latitudes, nous essayons donc de vivre à l’écoute du rythme des saisons. Nous déployons ce qu’il faut pour faire éclore des nouvelles idées au printemps et pour exprimer toute notre puissance et notre force dans un été énergisant, puissant et productif. Nous récoltons le fruit de notre travail en automne et nous compostons ce qui a été nécessaire jusque là, mais dont nous n’avons plus besoin pour la suite. Cela deviendra peut-être un terreau fertile pour le prochain cycle, mais avant cela l’hiver nous permet de nous reposer et ressourcer en ne préservant que l’essentiel.
Interdépendant avec la biodiversité autour de nous, nous apprenons à nous adapter, à communiquer avec diplomatie et à vivre avec nos écosystèmes. Certaines personnes de l’équipe se sont découvertes – oiseaux migrateurs ou digital nomads – et pour ne pas subir les saisons de notre région. Elles ont décidé de vivre tout le temps dans un endroit où le climat correspond à leurs envies. Quand leur voyage les ramène à nous, non seulement ce sont de précieuses forces vives quand nous en avons besoin, mais elles nous apportent aussi du recul et un point de vue nouveau. Le “nid” notre incubateur, permet d’héberger et de faire éclore de nouveau projet avant qu’ils prennent leurs envols, etc.
Par ailleurs, la durée de vie d’un arbre est de quelques années à plusieurs siècles, mais comme tous les êtres vivants nous sommes mortels et nous acceptons cela. Les saisons sont une manière de faire des deuils réguliers, pour prendre du recul, nous reconnecter à l’essentiel et nous permettre de perdurer dans le temps. Au fil des ans, nous pourrons grandir en hauteur et en envergure, mais cela restera limité. Si nous voulons faire perdurer notre idée, la faire voyager et la répandre, notre seule manière sera de faire germer d’autres arbres. Il faudra laisser d’autres personnes embarquer notre héritage au gré du vent pour prendre leur indépendance. Il faudra les laisser se planter et leur donner la place de grandir parfois plus que nous, en acceptant que l’évolution fasse son travail et transforme cette descendance.
Enfin, nous sommes conscients que si l’humain devait organiser le printemps seul, ce serait probablement une sacré pagaille. Nous lâchons donc prise sur l’ambition de tout planifier, organiser, rationaliser et contrôler. Au contraire, nous cherchons à être à l’écoute, toute l’année, de ce qui est vivant en nous, ce qui nous fait vibrer ou non, ce qui nous fait nous sentir joyeux ou non. C’est un ingrédient clé pour guider notre action à chaque instant.
N’hésitez pas à venir nous voir, il fait bon s’asseoir au pied d’un arbre